Après avoir tout gagné en Europe, le Slovène s’est attaqué à la NBA. Et à 20 ans, il figure déjà parmi les meilleurs joueurs. Du jamais vu.

 

Par Yann Casseville

 

« Excusez-moi, vous êtes bien la maman de Luka Dončić ?» Le fan des Dallas Mavericks s’approche de la femme qui a mis au monde le prodige. «Je dois vous demander quelque chose», poursuit l’homme. «Vous êtes sûre que vous n’avez pas menti sur sa date de naissance ?» La scène a eu lieu dans le Texas. Les performances de Dončić, candidat crédible au trophée de MVP pour sa deuxième saison en NBA,  font s’écarquiller les yeux, et ceux-ci quittent leur orbite quand est rappelé son âge : 20 ans.

4e marqueur (29,3 points), 15e rebondeur (9,6) et 3e passeur (8,9) de la ligue, le Slovène est le seul à figurer dans le Top 15 des trois catégories. Il a passé 42 points, 11 rebonds, 12 passes aux Spurs, 41 points et 10 passes dans une démonstration sur le parquet de Houston au nez et surtout à la barbe de James Harden, 27 points, 9 rebonds et 10 passes pour renverser les Lakers de LeBron James aux Staples Center, ou encore 22 points, 5 rebonds et 5 passes à Golden State… en un quart-temps ! «Les autres joueurs de la ligue s’asseoient pour le regarder jouer tellement ce qu’il fait est dingue», assure son coéquipier Jalen Brunson.

 

 

À Dallas, c’est une véritable Luka mania. La saison passée, sur Fox Sports Southwest, la chaîne locale, les audiences des matches des Mavericks ont bondi de 88% ! Aujourd’hui, en ville, Dončić est partout. Sur toutes les lèvres, à la radio, la télé, sur les panneaux publicitaires bordant l’autoroute et les posters des buildings. Au cœur de Dallas, un immense portrait s’affiche grâce à des projecteurs qui le font briller de jour comme de nuit. Tout en haut, est écrit «HALLELUKA !» C’est également le titre d’une chanson humoristique du média The Ringer, une ode au Slovène se moquant joyeusement des équipes qui ne l’ont pas drafté, au succès tel qu’elle fut jouée en direct dans l’arena des Mavericks.

«Pour les fans de Dallas, ça a été le coup de foudre», nous dit Brad Townsend, qui suit les Mavericks pour le Dallas Morning News. «Et cet amour continue de grandir, si c’est même encore possible. Il ne s’agit pas seulement de tous les points qu’il marque, ses rebonds, ses passes. Ce n’est pas juste le fait qu’il a donné de l’espoir à une franchise et une ville qui en avaient peu à son arrivée. C’est aussi une joie contagieuse.»

 

Maturité

«Le basket, c’est comme jouer aux échecs», déclara l’intéressé après s’être payé les Lakers de son idole de jeunesse, LeBron James. « Il faut lire le jeu. » Dončić joue comme s’il avait trois coups d’avance. «Il a une intelligence que je n’avais pas. Honnêtement, la façon dont il lit les situations, ses passes… Je n’avais jamais vu une telle vision du jeu chez un jeune joueur», a réagi Dirk Nowitzki, l’ancienne idole de la ville. «Les joueurs européens se développent plus vite que les Américains. Lui se développe au niveau professionnel depuis combien d’années ? Depuis qu’il a 15 ans ? Donc je ne pense pas que c’est intimidant pour lui», a estimé LeBron James après le match contre Dallas.  «C’est la différence avec Dirk Nowitzki», reprend Townsend. «Au début, Dirk n’était pas prêt, physiquement et mentalement, pour la NBA, parce qu’il n’avait jamais rien affronté de proche en termes de niveau durant sa courte carrière en Allemagne. Luka, lui, a joué à haut niveau en Europe depuis ses 15 ans.»

La précocité fait partie de son histoire…

Extrait du numéro 37 de Basket Le Mag

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