De son vrai nom Tomislav Meshcheriakov, ce Russe, né en Chine, a été le premier “vrai” Européen à jouer en NBA.

Par Didier LE CORRE

Cet homme a eu plusieurs vies. Il fut immigrant, miraculé de la Seconde Guerre mondiale, star NBA, coach de basket, propriétaire de librairie, prof d’anglais et écrivain. Il a aussi surmonté un cancer des globules blancs et son blog est aujourd’hui l’un des plus influents du sport américain.
Tom Meschery n’est pas son vrai nom. Il est né Tomislav Meshcheriakov, en 1938, à Harbin, en Mandchourie, qui était à l’époque une concession russe sur le sol chinois. Ce n’est qu’en arrivant à San Francisco que les employés de l’état civil local l’américanisèrent, comme ils n’hésitaient pas à le faire avec ces immigrés aux noms si étranges.
Mais contrairement à d’autres, les Meshcheriakov ne fuyaient pas la misère. Descendants directs de l’écrivain Léon Tolstoï, ils étaient des Russes blancs, anti-communistes, et avaient fui en 1917 la Révolution russe et ces bolchéviques qui avaient déjà décimé une partie de la famille, originaire de Toula, à 200 km au sud de Moscou. Les Japonais qui avaient envahi la Chine les firent prisonniers et Tomislav et les siens passèrent la Seconde Guerre mondiale dans un camp d’internement près de Tokyo. Ce n’est qu’à la fin de la guerre, que les Meshcheriakov purent s’enfuir aux États-Unis, et s’installer à San Francisco. Une période que ne vécut pas bien le jeune Tomislav : “Je ne parlais pas bien anglais, et à l’école on me traitait de communiste, ou bien j’entendais des phrases comme : plutôt mort que rouge”, racontait-il à Sports Illustrated. “J’ai détesté être un immigrant. Je me suis dit : il faut que je devienne Américain”. Il le sera par le basket.

Il sera All-Star

Dominant en NCAA avec St. Mary’s, où il fut All-America, Meschery fut sélectionné comme septième choix de la draft 1961 par Philadelphia, l’équipe d’un certain Wilt Chamberlain. Il était d’ailleurs ailier titulaire du fameux match où Chamberlain scora 100 points. S’en suivirent dix saisons de NBA, un surnom, “The mad Russian”, une sélection au All-Star Game, et une réputation de solide défenseur, dur au mal, qu’il accentua en portant de longues moustaches tombantes et en étant régulièrement parmi les joueurs commettant le plus de fautes sur la saison. Mais le Russe de la NBA n’était pas qu’un stoppeur. Pas très grand (1,96 m), il était d’après Jack McCallum, de Sports Illustrated, “un bon shooteur et un bon passeur, capable de résoudre des situations compliquées en attaque”. Un sens de l’adaptation certain cultivé par ses années d’immigrant…

 

Article extrait du numéro 17 de Basket Le Mag